Timor: rapport d'enquete de la commission mandatée par l'ONU

Nelson da Cruz/Agence France-Presse/Dili
Photo Manuel de Almeida/Lusa.

La commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les violences du printemps au Timor oriental a conclu à la responsabilité de l'ex-premier ministre Mari Alkatiri qui ne s'était pas opposé à l'armement de milices civiles.
Entre les mois d'avril et juin, la jeune nation située aux confins du Sud-Est asiatique, qui a célébré le 20 mai 2006 les 4 ans de son indépendance, avait été prise dans une spirale de déstabilisation et d'affrontements divers.
Les violences qui ont fait au moins 37 morts avaient poussé près de 150.000 habitants à fuir leur domicile pour se réfugier dans des camps d'urgence. Des armes avaient été distribuées, créant de fait des milices hors-la-loi.
La tension impliquant des policiers et des soldats contestataires révoqués de l'armée s'était prolongée jusqu'au sommet des institutions, avec un long bras de fer opposant le président Xanana Gusmao et le chef du gouvernement Mari Alkatiri, finalement poussé à la démission.
La situation avait conduit à l'intervention fin mai de forces étrangères pour éviter que le Timor oriental, qui reste le pays le plus pauvre d'Asie, ne sombre dans le chaos et la guerre civile.
L'ONU avait promis de faire la lumière sur ces faits qui ont vu des forces de sécurité tirer sur des manifestants, des groupes de militants opposés incendier des maisons ou encore des policiers et des militaires s'affronter.
Une commission d'enquête indépendante avait donc été mise en place, dont les conclusions ont été présentées mardi au Parlement, dans la capitale est-timoraise Dili.
Selon ce rapport, M. Alkatiri «a échoué à faire usage de son autorité pour s'opposer au transfert d'armes des forces de sécurité aux civils».
La commission a par ailleurs affirmé qu'il existait «une suspicion qu'il (l'ex-premier ministre) avait connaissance de l'armement illégal des civils».
M. Alkatiri avait quitté le pouvoir le 26 juin sous la pression intérieure et internationale, afin de ne pas envenimer la situation explosive dans le petit pays au bord du chaos.
L'ONU affirme également qu'à l'époque des faits, le ministre de l'Intérieur Rogério Lobato, le ministre de la Défense Roque Rodrigues et le chef des forces armées Taur Matan Ruak ont armé des civils, «créant une situation de danger potentiel significatif».
Tout en estimant que M. Alkatiri devrait être visé par un supplément enquête, le rapport n'a pas confirmé les accusations selon lesquelles l'ex-chef du gouvernement aurait directement armé des «escadrons de la mort» pour supprimer ses opposants.
M. Alkatiri, s'est dit «raisonnablement satisfait» mardi du rapport, dans des déclarations à la presse portugaise depuis Dili.
«J'attends que le Procureur (général de la république) prenne une décision», a-t-il ajouté.
L'enquête a également éraflé le très respecté président Gusmao, un ex-combattant indépendantiste. Un discours qu'il a prononcé le 23 mars a «été perçu comme facteur de division», selon l'ONU.
Les conclusions de la commission d'enquête étaient très attendues au Timor oriental, une ancienne colonie portugaise occupée 24 ans par l'Indonésie (1975-1999), où le calme peine à revenir malgré l'arrivée à la tête du gouvernement du prix Nobel de la paix José Ramos-Horta.
L'organisation International Crisis Group, basée à Bruxelles, avait indiqué la semaine dernière que la diffusion du rapport, qui mentionne des dizaines d'identités de suspects en conseillant de les poursuivre, pourrait être «potentiellement explosive».
Le président du Parlement timorais, Francisco Guterres, a souhaité que le rapport aide à calmer les esprits. «En acceptant ce rapport, il est temps pour nous de mettre un terme à la violence», a-t-il dit.
Des copies du rapport en portugais et en tetum, la langue est-timoraise, seront distribuées mercredi, a-t-il précisé.

publié par Association France Timor Leste @ 12:02,

0 Comments:

Enregistrer un commentaire

<< Home