12 novembre : le massacre de Dili au Timor oriental
Chaque 12 novembre, le Timor oriental célèbre la Journée nationale de la jeunesse (Dia Nacional da Juventude), un jour férié qui commémore un terrible massacre opéré par l’armée indonésienne à l’époque où elle occupait le pays.
On est en 1991, l’Indonésie alors dirigée par le dictateur Suharto, occupait l’ancienne colonie portugaise depuis 1975. Régulièrement, elle devait affronter des mouvements de résistance, réprimés dans la violence. Sebastião Gomes, un militant indépendantiste, vient d’être capturé et exécuté par l’armée. Le 12 novembre 1991, une foule assiste à ses funérailles à Dili, dans l’église Motael, et se dirige ensuite vers le cimetière de Santa Cruz. Sur la route des militants brandissent des drapeaux, la procession rassemble des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, formant la plus importante manifestation indépendantiste depuis 1975. 200 soldats indonésiens ont surgi et ont tiré sur la foule tuant quelque 250 Timorais. Le massacre a été filmé par deux journalistes américains et un présentateur de télévision britannique. Il a ensuite été diffusé à la télévision britannique et a provoqué une vague d'indignation dans le monde entier.
Le massacre de Santa Cruz est commémoré le 12 novembre au Timor oriental comme l'un des jours les plus sanglants de l'histoire du pays et comme marquant un tournant dans le regard de la communauté internationale sur la question timoraise. L’Indonésie ne lâchera toutefois le Timor oriental qu’en 2002, le 20 mai.
L’Assemblée Régionale des jeunes pour la région de l’Asie du Sud-Est
et de l’Est, organisée par La Via Campesina, s’est tenue à Dili, au
Timor-Leste, rassemblant de jeunes paysan·nes pour aborder des luttes
communes et renforcer la solidarité dans toute la région. Des
représentant·es de la jeunesse du Timor-Leste, des Philippines, de
Thaïlande, de Corée du Sud, d’Indonésie, du Japon, du Cambodge, de
Malaisie et d’Australie ont participé à cette assemblée de trois jours,
tenue du 22 au 24 octobre, pour promouvoir la coopération régionale,
partager des connaissances et militer pour la justice agraire et des
systèmes alimentaires durables.
L’assemblée, accueillie par MOKATIL en collaboration avec le
Secrétariat Régional Asiatique de La Via Campesina, visait à construire
une approche unifiée pour faire face aux défis des communautés rurales
d’Asie du Sud-Est et de l’Est. Ces rassemblements sont essentiels pour
former des stratégies collectives, donner du pouvoir aux jeunes
paysan·nes et renforcer les mouvements de base pour faire face aux
problèmes critiques qui touchent les communautés agricoles, qu’il
s’agisse des droits fonciers ou de la souveraineté alimentaire.
Le Secrétaire d’État aux Coopératives du Timor-Leste a ouvert
l’événement en accueillant les délégué·es et en réaffirmant
l’engagement du gouvernement à promouvoir les coopératives agricoles. Il
a souligné l’importance des jeunes pour défendre les droits paysans et
assurer la durabilité de l’agriculture pour les générations futures.
Les représentant·es de MOKATIL ont partagé leurs perspectives sur les
luttes des familles paysannes du Timor-Leste, dues à l’expansion
capitaliste et à des projets écologiquement destructeurs. Ils ont mis en
avant le besoin urgent de l’engagement des jeunes pour protéger les
droits agraires et maintenir des pratiques agricoles durables face à ces
défis.
Pendant
l’assemblée, les jeunes représentant·es de chaque organisation
participante ont présenté les problématiques qui touchent les
agriculteur·rices dans leurs pays :
– Philippines (Paragos) : Les paysan·nes
philippin·es font face à de graves difficultés, car les entreprises,
souvent soutenues par le gouvernement, accaparent les terres, poussant
beaucoup dans la pauvreté et forçant les jeunes à abandonner l’école.
Les membres de Paragos se sont engagé·es à résister à ces injustices, et
les délégué·es de l’assemblée ont proposé de créer une vidéo de
solidarité pour sensibiliser aux luttes des paysan·nes philippin·es.
-Timor-Leste (MOKATIL) : MOKATIL a présenté ses
initiatives visant à soutenir la jeunesse timoraise dans la construction
de systèmes agricoles durables, essentiels pour la reprise économique
post-COVID. Malgré des obstacles comme des politiques défavorables, les
impacts climatiques et un manque de compétences en adaptation, les
jeunes de MOKATIL restent déterminé·es à promouvoir une réforme agraire.
– Corée du Sud (KWPA) : L’Association des Femmes
Paysannes de Corée a exprimé ses préoccupations au sujet des
importations de riz non taxées, qui compromettent les prix locaux et
rendent la concurrence difficile pour les agriculteur·rices coréen·nes.
La KWPA plaide aussi pour la préservation des semences traditionnelles,
la promotion de l’agroécologie et l’amélioration de l’égalité des genres
en milieu rural, en impliquant particulièrement la jeunesse dans ces
efforts.
– Australie (AFSA) : L’Alliance pour la Souveraineté
Alimentaire d’Australie a rapporté que plus de 70% des terres agricoles
australiennes sont utilisées pour l’exportation, souvent avec une
main-d’œuvre immigrée sous-payée. L’AFSA soutient des initiatives
permettant aux jeunes australien·nes d’accéder aux terres agricoles,
visant à promouvoir un secteur agricole agroécologique et localement
dirigé.
– Thaïlande (AOP) : L’Assemblée des Pauvres a
souligné le déplacement des paysan·nes thaïlandais·es dû aux projets
gouvernementaux comme la construction de barrages et la récupération des
forêts, qui, bien que destinés à la conservation, nuisent souvent aux
communautés agricoles locales.
– Cambodge (FNN) : Le Réseau des Agriculteur·rices
et de la Nature a mobilisé les jeunes cambodgien·nes dans des
coopératives agricoles, axées sur l’agroécologie et les pratiques
d’agriculture biologique. Le FNN propose des formations en gestion
d’entreprise pour les jeunes et les implique dans la défense de leurs
droits au niveau communautaire et ministériel.
– Indonésie (SPI) : Le Syndicat des Paysan·nes
Indonésien·nes a discuté de ses efforts pour promouvoir la réforme
agraire, tout en notant que les jeunes sont contraint·s de s’éloigner de
l’agriculture en raison de politiques défavorables, du contrôle des
terres par les multinationales et de la monopolisation. Le SPI pousse
pour un modèle de distribution des terres plus équitable au profit des
communautés rurales.
Le troisième jour, les participant·es ont visité la municipalité
d’Aileu, où ils·elles ont discuté avec des membres de MOKATIL de la
gestion des adhésions et des processus de production. Au cours de la
visite, les jeunes ont également réalisé une vidéo de solidarité pour
leurs pairs aux Philippines et à Sumatra, en Indonésie, qui ont perdu
leurs terres en raison des saisies par les entreprises. Le groupe a
conclu la journée par une visite du secrétariat de MOKATIL et de
l’Entrepôt National pour voir de près le travail de l’organisation.
Cette publication est également disponible en English.
publié par Association France Timor Leste @ 17:28,
,
Traité pour protéger la haute mer : quelques progrès dans les ratifications
Un an après son baptême, le traité historique
pour protéger la haute mer a engrangé de nouveaux soutiens cette
semaine, mais avec 13 ratifications, il est encore loin de pouvoir
entrer en vigueur.
Vue d’un bateau de pêche depuis le navire "Antedon II"
lors d’une sortie en mer par l’équipe de recherche du projet Riomar
dans le delta du Rhône, dans le golfe du Lion près de Marseille en
France.
Photo : AFP/VNA/CVN
Le
texte adopté par les États membres de l'ONU en juin 2023 avait été
ouvert aux signatures il y a un an, recueillant immédiatement plus de 70
paraphes.
Un an plus tard, le nombre de
signataires atteint désormais 104, et un certain nombre de pays ont
également profité de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale
de l'ONU à New York qui se termine pour ratifier le texte.
Cinq
nouveaux pays (Timor oriental, Singapour, Maldives, Bangladesh et
Barbade) ont ainsi déposé leurs instruments de ratification cette
semaine, portant le total à 13, et plus de dix nouveaux l'ont signé.
Mais alors que les ONG espèrent une entrée en vigueur du traité en 2025,
le nombre de 60 ratifications requises est encore loin.
"Bien
que les progrès de cette semaine soient bienvenus, il existe une forme
d'autosatisfaction de certains États et nous aurions espéré que plus
d'entre eux aient saisi l'opportunité de ratifier cette semaine", a commenté Greenpeace dans un communiqué.
"Il
est important que l'élan politique reste au plus haut et que les pays
finalisent leur processus de ratification aussi vite que possible", a ajouté l'ONG.
La
haute mer commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives
(ZEE) des États, à un maximum de 200 milles nautiques (370 km) des côtes
et n'est donc sous la juridiction d'aucun État.
Même
si elle représente près de la moitié de la planète et plus de 60% des
océans, la haute mer a longtemps été ignorée dans le combat
environnemental.
Alors l'outil phare du
nouveau traité prévoit la création d'aires marines protégées.
Aujourd'hui, environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de
mesures de préservation.
Mais en décembre
2022 à Montréal, l'ensemble des Etats de la planète s'est engagé lors
de la COP15 sur la biodiversité à protéger, d'ici 2030, 30% des terres
et des océans de la planète.
Pour y
parvenir, le nouveau traité est capital, d'où l'insistance des
défenseurs des océans à demander une ratification rapide pour son entrée
en vigueur le plus vite possible.
APS/VNA/CVN
publié par Association France Timor Leste @ 18:18,
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Les
fidèles réagissent à l'approche du crépuscule lors de la messe célébrée
par le pape François sur l'esplanade de Tasitolu à Dili, au Timor
oriental, le 10 septembre 2024.
AFP
Tiziana FABI
4 minutes de lecture
Le
pape François s'est offert mardi un gigantesque bain de foule auprès de
quelque 600.000 fidèles à Dili, capitale du Timor oriental, après avoir
présidé une messe de plus de deux heures sous une chaleur étouffante
pour ce point d'orgue de sa tournée marathon en Asie du Sud-Est et en
Océanie.
A Taci Tolu, vaste esplanade poussiéreuse en périphérie
de la ville, le pape de 87 ans - soumis depuis neuf jours à un rythme
effréné - a défié tous les pronostics et les craintes pour sa santé, ne
semblant aucunement gêné par l'impression de fournaise renforcée par
l'humidité tropicale.
Fichier vidéo
Après la messe, il s'est même livré pendant 20 minutes à un tour en
"Papamobile" dans les allées de l'esplanade pour bénir la foule sous les
acclamations, au milieu d'une nuée de flash des téléphones portables.
Quelque
600.000 personnes ont assisté à la messe sur la place et dans les rues
adjacentes, selon une estimation des autorités locales rapportée par le
Vatican, soit quasiment la moitié de la population de ce pays de 1,3
million d'habitants.
François a été accueilli lundi comme une rock
star dans ce pays très catholique d'Asie-Pacifique, où sa visite, la
première depuis l'indépendance en 2002, suscite une ferveur hors-normes.
Toute
la journée, se protégeant d'un soleil de plomb sous des parapluies
jaune et blanc, les fidèles ont convergé vers l'esplanade tandis que les
pompiers rafraichissaient la foule avec des lances à eau.
"C'est
comme si nous avions un nouvel élan pour notre vie, pour les habitants
du Timor-Leste, pour la paix", a déclaré à l'AFP Natercia do Menino
Jesus Soares, 33 ans, vêtue d'une casquette, d'un T-shirt et d'un
foulard à l'effigie du pape.
Dili a bénéficié d'une rénovation de
12 millions de dollars (10,8 millions d'euros) avant la visite, dont 1
million dépensé pour l'autel du pape, des dépenses qui ont suscité des
critiques dans l'un des pays les plus pauvres au monde.
"Crocodiles"
Au
terme de la cérémonie, le pape a improvisé quelques mots pour exhorter
les fidèles à "faire attention aux crocodiles qui veulent changer votre
culture, votre histoire" et "qui mordent beaucoup".
Depuis lundi,
le convoi de François est salué le long des routes par une foule
compacte dans une ambiance délirante, escorté par des services de
sécurité sur les dents.
Cette liesse générale témoigne de
l'enthousiasme suscité par l'événement dans ce pays à 98% catholique, où
les habitants grimpent sur les toits et les poteaux pour recevoir une
bénédiction ou apercevoir l'homme en blanc.
Des
fidèles catholiques rassemblés le long d'une route après avoir vu le
pape François passer en voiture à son arrivée à Dili, le 9 septembre
2024
AFP
Yasuyoshi CHIBA
A Dili, le portrait du jésuite argentin est partout, sur les
voitures, les panneaux d'affichage, les vêtements et les vitrines des
magasins.
Mardi matin, devant le clergé local dans la cathédrale,
le pape a plaidé contre les "fléaux qui créent vide intérieur et
souffrance, tels que l'alcoolisme, la violence et le manque de respect
pour la femme".
"Ere de paix"
Cette visite papale dans
le pays - évangélisé par les missionnaires dès le XVIe siècle - est la
première depuis son indépendance après des siècles de colonisation
portugaise et 24 ans d'occupation indonésienne (1975-1999).
Le
pape François salue des jeunes en tenue traditionnelle sous le regard
du président du Timor oriental, José Ramos-Horta, lors d'une cérémonie
de bienvenue au palais présidentiel de Dili, le 9 septembre 2024
POOL/AFP
Yasuyoshi CHIBA
Devant les autorités lundi, le pape a salué l'"ère de paix et de
liberté" qui s'"est enfin levée" après "des jours sombres et
difficiles".
Il a également exhorté les dirigeants à "agir de
manière responsable pour prévenir tout type d'abus" contre les "enfants
et adolescents", alors que l'Eglise locale est confrontée à un scandale
de pédocriminalité qu'elle a longtemps dissimulé.
Le pape François (au centre) salue les fidèles catholiques après son arrivée à Dili, le 9 septembre 2024
AFP
Yasuyoshi CHIBA
Le "Timor Leste" souffre aussi d'une corruption endémique, de graves
violences sexistes et domestiques et le travail des enfants reste
monnaie courante.
Des associations et ONG ont dénoncé le
comportement de la police, qui selon un enregistrement vidéo, a
brutalement évacué des étals de vendeurs ambulants puis interpellé une
journaliste, ravivant leurs craintes concernant le respect des droits de
l'homme dans le pays.
Avant François, Jean-Paul II était le seul
pape à s'être rendu à Dili en 1989, lorsque le pays était encore sous
occupation indonésienne.
Le
pape François (d) est accueilli à son arrivée pour une rencontre avec
les évêques, prêtres, diacres, personnes consacrées, séminaristes et
catéchistes à la cathédrale de l'Immaculée Conception à Dili, le 10
septembre 2024
AFP
Yasuyoshi CHIBA
Il s'agit de la troisième étape de la tournée de François en Asie-Pacifique, après Jakarta et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Ce
périple de 33.000 km est le plus long et le plus lointain de son
pontificat, depuis son élection en 2013. Il s'achèvera à Singapour
mercredi avant que le pape ne reparte vendredi pour Rome.
Malgré
ses problèmes de santé et le rythme effréné de ce voyage, le chef de
l'Eglise catholique est jusqu'ici apparu en bonne forme et souriant,
balayant les doutes sur sa capacité à assurer un voyage aussi éprouvant.
publié par Association France Timor Leste @ 05:10,
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Au Timor oriental, la liesse d’un jeune pays catholique pour accueillir le pape
Troisième étape de François en Asie du Sud-Est, l’ancienne colonie portugaise, puis indonésienne, dont la population est catholique à 97 %, s’est mise à l’arrêt trois jours durant pour célébrer la venue du chef de l’Eglise.
Publié le 10 septembre 2024 à 19h25, modifié hier à 07h58
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Des fidèles assistent à la messe dirigée par le pape François, sur l’esplanade de Tasitolu, à Dili, au Timor oriental, le 10 septembre 2024. YASUYOSHI CHIBA / AP
Avec 1,3 million d’âmes, le Timor oriental est un tout petit pays. Mais quand la moitié de la population est rassemblée sur quelques hectares, elle n’en est pas moins impressionnante. Mardi 10 septembre, environ 600 000 personnes, d’après les autorités locales, ont dit « Amen » à l’unisson, au pape François venu célébrer une messe historique dans cette jeune démocratie dont 97 % des habitants se déclarent catholiques.
Face au pape argentin, une mer de parapluies jaunes et blancs, les couleurs du Vatican, protégeait du soleil plombant la foule vêtue de tee-shirts à son effigie. Certains étaient arrivés dans la nuit pour être au premier rang. Réunis sur une zone ouverte à Tasitolu, une bourgade de bord de mer à l’ouest de Dili, la capitale, les Timorais ont pu se consacrer pleinement à la venue du pontife : l’Etat avait décrété trois jours fériés pour l’occasion.
Sur la route qui mène au rassemblement, chaque boutique ou entreprise y va de son panneau publicitaire célébrant la venue du chef de l’Eglise catholique, tandis qu’une marée humaine se dirige vers les lieux. « Je suis ravi, vraiment heureux »,témoigne Federico, 34 ans, larges lunettes de soleil irisées sur les yeux. « Tout le monde est excité : c’est la première fois que le pape vient au Timor oriental », affirme le jeune homme.
En droit, il a raison : quand Jean Paul II avait présidé une messe au même endroit, en 1989, le Timor oriental était encore une province indonésienne. La venue du pape fut un message d’espoir pour un peuple opprimé, et une manière de mettre la pression sur l’Indonésie, qui avait envahi le territoire après le retrait du colonisateur portugais, en 1975. Aujourd’hui, elle est vécue comme une reconnaissance pour un Etat qui n’a accédé à l’indépendance officielle qu’en 2002, trois ans après le départ des troupes indonésiennes, ayant laissé un pays en ruine.
Lundi, le pape a d’ailleurs appelé le pays à continuer sur la voie de la réconciliation : « Je tiens en particulier à rappeler et à saluer vos efforts assidus pour parvenir à une pleine réconciliation avec vos frères d’Indonésie,une attitude qui a trouvé sa source la première et la plus pure dans les enseignements de l’Evangile. » Pour un conflit si récent, les relations avec Djakarta sont effectivement apaisées : beaucoup de Timorais étudient ou travaillent en Indonésie et, mardi, des groupes de catholiques sont venus du Timor indonésien, la moitié occidentale de l’île, pour participer à la messe.
« Les jeunes générations ne connaissent plus l’histoire »
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publié par Association France Timor Leste @ 05:00,
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Timor oriental: le pape appelle les autorités à prévenir «toute forme d'abus» sexuels dans l'Église
Le pape François est arrivé lundi 9 septembre au
Timor oriental, troisième escale de sa longue tournée en
Asie-Pacifique. Dans son premier discours prononcé au palais
présidentiel, le souverain pontife a prôné une tolérance zéro contre les
abus sexuels dans l'Église.
Accueilli lundi 9 septembre au Timor oriental
par une foule immense, le pape François a appelé ses dirigeants à «
prévenir toute forme d'abus » sexuels dans l'Église de ce pays à
majorité catholique, confrontée à un scandale de pédocriminalité qu'elle
a longtemps dissimulé. Après l'Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
François a atterri à Dili pour la troisième étape de sa tournée
marathon en Asie-Pacifique, la plus longue et la plus lointaine de son
pontificat, qui se poursuivra mercredi à Singapour et s'y achèvera vendredi.
Dans son premier discours prononcé au palais présidentiel, le pape a exhorté les autorités et les corps diplomatiques à « agir de manière responsable pour prévenir tout type d'abus »
contre les « enfants et les adolescents ». François faisait ainsi
référence aux scandales de pédocriminalité dans l'Église de ce pays à 98
% catholique qu'incarne notamment monseigneur Belo. Lauréat du prix
Nobel 1996 pour son rôle dans l'indépendance, cet évêque est aussi
accusé d'avoir commis des violences sexuelles sur de jeunes garçons
pendant une vingtaine d'années, ce qui lui a valu d'être secrètement
sanctionné par le Vatican en 2020.
Le pape promet une « tolérance zéro » mais ne présente pas d'excuses
Le
pape, qui a promis une « tolérance zéro » sur cette question, n'a en
revanche pas présenté d'excuses aux victimes ni reconnu le rôle
structurel de l'Église dans ces violences, bien que plusieurs
associations et groupes de défense des droits de l'Homme le lui
réclamaient. Son programme ne prévoit jusqu'ici aucune rencontre avec
des victimes, mais il doit s'exprimer mardi 10 septembre devant le
clergé du pays.
J'espère
qu'il ne s'agit pas des derniers mots du pape sur les abus sexuels, ce
serait extrêmement décevant et plus que ça, ce serait une opportunité
tragiquement manquée.
00:49
Anne Barret Doyle, fondatrice de l'ONG Bishop Accountability
À
son arrivée à Dili, le pape de 87 ans est apparu en bonne forme malgré
le rythme effréné que lui impose son voyage depuis une semaine et s'est
vu offrir des fleurs ainsi qu'une « Tais » – une écharpe traditionnelle –
en signe de bienvenue. Il a aussi salué le président Jose Ramos-Horta à
l'aéroport, fermé aux vols civils pour trois jours.
Une visite qui suscite un enthousiasme immense
Dans
une ambiance survoltée, le jésuite argentin a ensuite été acclamé sur
plusieurs kilomètres le long de son parcours par une foule immense et
démonstrative qui portait des parapluies officiels et agitait des
drapeaux jaune et blanc – les couleurs du Vatican – frappés des blasons
des deux États. Très attendue, la visite de François suscite un
enthousiasme immense au Timor oriental.
Cette visite papale dans
un pays où le catholicisme est arrivé au XVIe siècle par l'intermédiaire
de missionnaires est la première depuis son indépendance en 2002. Son
principal temps fort sera une messe géante en plein air mardi 10
septembre où 700 000 fidèles, soit la moitié de la population, sont
attendus. La dernière visite papale au Timor oriental remonte à
Jean-Paul II en 1989, alors que le pays était encore sous occupation
indonésienne.
Voyage du pape : au Timor oriental, François
rappelle aux prêtres de « ne jamais profiter de leur rôle »
Reportage
François achève, mercredi 11 septembre, la troisième
étape de sa tournée de douze jours en Asie du Sud-Est et en Océanie. À
Dili, il a rappelé que « le prêtre ne doit jamais profiter de son
rôle ».
Mikael Corre, à Dili (Timor oriental),
réservé aux abonnés
Lecture en 3 min.
Le pape François s’adresse
aux fidèles catholiques après avoir célébré la messe sur l’esplanade de
Tasitolu, à Dili (Timor oriental), le 10 septembre 2024.
Willy Kurniawan / AFP
C’est le geste dont le pape a parlé à Dili (Timor
oriental), ce mardi dans la matinée. Une demi-heure avant son entrée
dans la cathédrale, une femme d’une quarantaine d’années, vêtue d’un
tee-shirt à manches longues, se saisit de la main d’un prêtre de
passage.
« Le geste que les fidèles
font ici lorsqu’ils vous rencontrent, vous les prêtres, est éloquent :
ils prennent votre main consacrée et l’approchent de leur front en signe de bénédiction, a dit François, bien renseigné. Il est beau de voir dans ce signe l’affection du peuple saint de Dieu, car le prêtre est un instrument de bénédiction, (mais) il ne doit jamais profiter de son rôle. » Ce mardi, le pape avait un message à faire passer au clergé : ne profitez jamais du charisme généré par votre fonction.
Situé à l’extrême est de l’archipel indonésien, le Timor oriental
est le pays le plus catholique au monde (à 97 %), après le Vatican.
C’est aussi le plus pauvre d’Asie, et cette ancienne colonie portugaise,
où le pape effectue la troisième étape de son voyage en Asie et en
Océanie, est le lieu d’une impressionnante religiosité. Depuis son
arrivée le 9 septembre à Dili, il est en effet accueilli par des
dizaines de milliers de personnes difficilement contenues au bord des
routes, où la sécurité est parfois assurée par des scouts. Son visage
s’affiche partout sur les panneaux, les casquettes, les tee-shirts…
Certains brandissent des pancartes : « Pape François, donne-moi un chapelet », « Pape François, bénis-moi »…
« Chefs tribaux »
Cette dévotion engage, a dit en substance le pape dans la cathédrale de Dili. « J’ai appris que les personnes s’adressent à vous (les prêtres) avec beaucoup d’affection en vous appelant “Amu”, qui est ici le titre le plus important, et signifie “monsieur”, a-t-il encore relevé. Mais vous n’êtes pas supérieurs aux gens (…).
Vous ne devez pas voir votre ministère comme un prestige mais comme un
service. Si vous ne vous sentez pas au service, allez voir un prêtre
pour trouver un autre chemin. »
Qu’est-ce
qui a valu au clergé timorais cette mise au point ? Lors d’une
rencontre discrète à l’hôtel Timor de Dili, le 9 septembre, le cardinal Luis Antonio Tagle,
pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation et membre de la
délégation papale, aurait comparé, devant des religieux philippins, le
comportement de certains prêtres locaux à celui de « chefs tribaux ou de leaders culturels », selon deux sources présentes. « Ici on est un peu conservateurs, décrit un prêtre timorais de 32 ans, qui a demandé à rester anonyme. Parfois les gens attendent tellement de vous que ces attentes finissent par vous définir, ça peut créer des dérives… »
Un pays jeune
« Vous savez comment commence la tentation du pouvoir ?, a encore demandé le pape dans la cathédrale de Dili. Comme le disait ma grand-mère, le diable entre toujours par les poches. » Au Timor oriental, un tiers de la population vit avec moins de 2 dollars américains par jour. « Je ne crois cependant pas qu’il y ait une corruption spécifique au clergé », estime une source judiciaire, à Dili, qui décrit la corruption de l’État comme « généralisée à haut niveau » et la qualifie de « cleptocratie ».
Malgré la rente pétrolière depuis l’indépendance en 2002, le Timor
oriental reste un pays sous-développé. Certaines diplomaties de la
région ont d’ailleurs critiqué les plus de 12 millions de dollars
dépensés en préparation de la venue du pape.
«
Il y a beaucoup de richesses, mais le bien-être aveugle les puissants,
leur faisant croire qu’ils se suffisent à eux-mêmes, qu’ils n’ont pas
besoin du Seigneur (…). Même s’il y a énormément de biens, les pauvres sont abandonnés et souffrent de la faim »,
a poursuivi François lors de son homélie. En aube blanche sous une
étouffante chaleur humide, il a présidé la messe conclusive de son étape
timoraise au bord de la mer de Savu. Devant plus de 200 000 personnes
réunies sous des parapluies aux couleurs du Vatican, il a poursuivi, en
se tournant vers la jeunesse, décrite comme la lumière qui fait renaître
l’espérance : « Vous êtes un pays jeune où l’on sent partout la vie palpiter, a-t-il lancé. C’est un grand cadeau. »
publié par Association France Timor Leste @ 03:30,
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Dans le petit village de Betano, niché dans le paysage verdoyant
du centre du Timor-Leste, une révolution tranquille a pris racine à
partir d’un simple différend au sujet d’une humble légumineuse.
Tout
a commencé en 2019, lorsque les femmes du village ont fait connaître
leur souhait de mettre à l’essai des techniques d’agriculture
intelligente face au climat, en particulier l’agriculture de conservation, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) faisait la promotion dans cette région.
En
application des conseils de la FAO, ces femmes souhaitaient effectuer
un paillage des champs à l’aide de «lehe», ou «haricot velours vert»,
dont la plante rampante est connue pour reconstituer la teneur en
nutriments des sols. Les hommes se sont montrés sceptiques mais les
femmes mesuraient l’importance d’enrichir les sols.
Avec l’aide
financière de l’Union européenne, la FAO a aidé ces femmes à créer leur
propre groupement d’agricultrices, qu’elles ont appelé Fehama («sororité»,
en langue Tetum parlée dans cette région). La FAO leur a fourni des
motoculteurs, des remorques, des silos de stockage et de l’outillage
agricole. Aux côtés d’autres groupements d’agriculteurs, elles ont
commencé à cultiver du maïs, des légumes-feuilles, des papayes, du
manioc et des bananes sur leurs terres où des paillis venaient d’être
épandus pour la première fois.
Leur but était de produire
suffisamment pour subvenir aux besoins alimentaires de leur foyer et
améliorer leurs moyens de subsistance.
«Nous nous sommes aperçues
qu’en respectant les consignes de la FAO, notre productivité pouvait
progresser», a déclaré Prisca da Costa, membre fondatrice de Fehama.