Cova Lima : Triangle GH inaugure son projet de développement rural

L’ONG française Triangle Génération Humanitaire a inauguré, mercredi dernier, son projet d’adduction d’eau dans le district de Cova Lima. La cérémonie s’est déroulée dans une ambiance de fête traditionnelle et chaleureuse à laquelle ont participé un très grand nombre de villageois, plusieurs représentants des autorités locales ainsi que l’Ambassadeur d’Australie, Mr. Miles Armitage, dont le Gouvernement a financé le projet.


L’émotion était au rendez-vous mercredi 24 août à Matai, village (suco) situé à plus de 8 heures de route de Dili au sud ouest du Timor Leste, à proximité de la frontière indonésienne. Dès le petit matin, toute la communauté s’est affairée aux préparatifs d’une grande cérémonie d’inauguration destinée à remercier les différents acteurs du projet d’adduction d’eau, assainissement et hygiène lancé il y a moins d’un an dans 8 hameaux (aldéia) du District de Cova Lima.

Démarrée en novembre 2010, l’initiative a été financée par le Gouvernement australien à travers BESIK (‘Bee, Saneamentu no Ijene iha Komunidade’, également appelé ‘RWSSP’, programme eau et assainissement en milieu rural de la Coopération australienne AUSAID) et mis en œuvre par Triangle Génération Humanitaire* (TGH) et son partenaire local NTF (Naroman Timor Foun). Sur une durée record de 11 mois, le projet a permis de construire ou de réhabiliter 6 systèmes d’adduction d’eau alimentant en eau potable quelques 6000 habitants répartis entre les aldéia de Matai, Cunain, Kiar, Lohorai (Suco Matai), Fatusin, Sanfuk (Suco Kamenasa), Webaba (Suco Zumulai) et Foholulik (Suco Tilomar).

Le défi majeur du projet, outre les contraintes de temps et d’accès, a résidé dans la garantie de durabilité des installations et l’évolution des comportements hygiéniques. Pour cela, un groupe spécifique a été créé au sein des communautés (GMF, ‘Grupo Management Facilidade’), permettant de former et responsabiliser des personnes ressources au management et à la maintenance des systèmes.

Une cérémonie sous le signe des traditions

L’Ambassadeur d’Australie, accompagné de représentants de BESIK, du Département Eau et Assainissement du District (DNSAS) et des autorités locales, a été accueilli en milieu de matinée par le Chef de l’aldéia de Matai. Précédée d’un cortège de femmes vêtues de magnifiques Tais et jouant de leurs percussions, la petite foule a immédiatement entamé une visite bien organisée à travers les maisons de Matai et Cunain.

Tous regroupés autour de cet invité de taille (l’ambassadeur mesure pas loin d’1m95), la troupe s’est tout d’abord rendue devant la maison sacrée (‘uma lulik’), accueillie par les personnes les plus âgées du village. Mr. Armitage et autres officiels ont alors été bénis par des pétales de fleurs et de l’eau sacrée (‘bee lulik’, collectée le matin même par les villageois à la source sacrée perchée dans la montagne).

Puis le cortège a poursuivi la visite à travers les différents réservoirs et points d’eau implantés dans le Suco de Matai avant de terminer par l’école. Les enfants ont alors reçus les visiteurs avec des chants, des danses et des banderoles de bienvenue qu’ils avaient préparé eux-mêmes. L’heure était à la joie, car selon le Directeur de l’école primaire de Matai, avant l’arrivée du point d’eau les enfants devaient parcourir près de 2km à pieds pour aller chercher l’eau et la ramener à l’école.

Pendant ce temps, une partie du comité d’organisation s’activait sur la place principale où se déroulerai le cœur de la cérémonie. La veille, les hommes de l’aldéia avaient tué puis découpé une vache, ensuite été cuisinée par une vingtaine de femmes préparant minutieusement chaque pièce de viande – rien ne se perd, avec riz et légumes locaux pour les visiteurs, mais aussi pour l’ensemble des villageois qui se sont tous vu remettre un ‘bonkos’ (boîte) individuel.

En fin de matinée, tout le monde s’est donc retrouvé au centre de Matai pour participer à la cérémonie officielle. Plus de 200 villageois ont pris part, attentifs et réactifs, aux discours des représentants du projet, ponctués par des danses des enfants en tenues traditionnelles et rythmées par le groupe de musiciens du Suco. C’est dans une ambiance festive et très chaleureuse que tous les acteurs ont été remerciés, et tout particulièrement l’équipe de terrain de TGH et NTF qui se sont vus offrir des écharpes en Tais brodées à leur nom par les femmes de la communauté.


Un projet 100% communautaire

Durant toute la mise en œuvre de ce projet, plus de 20 ‘facilitateurs’ timorais (TGH & NTF) ont travaillé en liens étroits avec les habitants pour former, informer, sensibiliser et impliquer chaque membre des communautés dans la réalisation, la maintenance et la bonne utilisation des infrastructures mises à disposition.

Nicolas Malaizé, Coordinateur du projet pour l’ONG Triangle nous explique : « Ce projet n’aurait pu voir le jour dans les délais impartis sans une grande implication des habitants, mais aussi des autorités locales, comme le Chef du Suco de Matai qui a durement travaillé à la mobilisation des communautés. Chaque sac de sable, de gravier ou de ciment, chaque tuyau et chaque outil a été transporté par les femmes, les hommes et les étudiants qui vivent ici. La source étant perchée dans la montagne et totalement inaccessible en véhicule, ils ont du charrier tout le matériel sur leur dos ou leur tête. Ils ont également du creuser plus de 3km de tranchées à la force du poignet, casser les roches et déblayer la terre pour enterrer les tuyaux. Nombre d’entre eux, malgré l’âge, ont montré une force incroyable tout au long du projet et je les en remercie sincèrement. »

S’il y a une chose à retenir de cette journée, ce sera certainement l’ambiance chaleureuse et la grande implication des habitants. Mais également l’appel commun lancé par les acteurs du projet à l’ensemble des communautés : « les maladies transmises par l’eau ne peuvent être combattues par le seul accès à l’eau potable. Chacun de nous doit travailler à l’amélioration constante des comportements quotidiens. Nous devons tous travailler à l’entretien des installations, au respect des règles d’hygiène, et faire de ce projet un modèle de réussite pour le reste du pays. »


Dili, mercredi 24 août 2011

Crédit texte : Marlène Hyvert

Crédits photos : Marlène Hyvert et Nicolas Malaizé



Triangle Génération Humanitaire est la seule ONG française présente au Timor Leste depuis 2005. Aux côtés de ses partenaires locaux et internationaux (Gouvernement français, Union Européenne, USAID, AUSAID), TGH a principalement répondu aux besoins en eau, assainissement et promotion de l’hygiène de zones reculées. L’organisation vient de se voir confier un nouveau projet d’une durée de 3 ans, financé par l’UE, pour apporter de l’eau à plus de 10 000 personnes dans l’enclave d’Oecussi.

publié par Association France Timor Leste @ 15:11,

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