France 24 : Entretien avec Ramos Horta

24h en Asie : Tour d'horizon non exhaustif de l'actualité asiatique au quotidien

9 Janvier à Singapour - Entretien avec Ramos Horta, le président du Timor Oriental

Ramos Horta, le président du Timor Oriental depuis 2007 et prix Nobel de la paix était l'invité du Club de la presse étrangère à Singapour. Alors que le pays s'apprête à fêter le dixième anniversaire de l'indépendance et à quelques mois de l'élection présidentielle, Ramos Horta fait le point sur la situation de son pays.

(Ramos Horta à Singapour / Source: 24h enAsie)
Après avoir lutté pendant 24 ans pour obtenir son indépendance vis-à-vis de l'Indonésie, le Timor-Oriental est devenu un État souverain en 2002. Cette guerre d'indépendance a laissé un pays ravagé qui compte parmi les plus pauvres du monde. Aujourd'hui que pouvez-vous dire de la situation économique du pays?.
Notre objectif principal est de réduire la pauvreté. Aujourd'hui nous avons une croissance à deux chiffres, 13% en 2008 et 10% en 2010. Mais ce n'est pas une croissance qui est encore très équitable. Donc depuis trois ans , nous avons mis en place une politique visant à aider les personnes les plus fragiles. les personnes de plus de 60 ans, les veuves et les orphelins reçoivent une allocation de 30 dollars tous les 6 mois. C'est un impératif moral mais cette politique a également un sens économique. néanmoins, nous devons également être prudents et ne pas dépenser trop dans le social. Je dirais que globalement et compte tenu de là où nous venons, notre économie va plutôt bien.Contrairement à ce que racontent certains médias, nous avons un taux de chômage inférieur à 10% et certaines entreprises ont même du mal à recruter.
Plus de 90% des finances du pays proviennent des revenus du pétrole, comment gérez-vous ces ressources vitales pour le développement du pays.
Avec l'aide d'experts norvégiens et le fameux fonds souverain du pétrole norvégien, le Timor Oriental a créé un fonds pétrolier (Petroleum Fund qui pèse aujourd'hui environ 9 milliards de dollars) en 2005 pour gérer les revenus du pétrole. Nous avons également adopté une Loi sur le fonds pétrolier (Petroleum Law) qui encadre strictement l'utilisation de ces revenus. 90% des revenus sont placés en bons du Trésor américain et les 10% restants peuvent être utilisés pour diversifier nos investissements. Mais comme nous n'avons pas d'expérience en la matière, nous avons finalement placés ces 10 % en bons du Trésor également. Cela nous a permis d'échapper à la crise. A la différence de nombreux fonds expérimentés, nous n'avons pas perdu un centime. Un amendement à cette loi adopté en août et que j'ai validé en octobre, permet désormais d'utiliser 50% des revenus du fonds contre 10% autrefois pour diversifier les investissements. Nous avons besoin d'une plus grande marge de manoeuvre pour diversifier nos investissements. Cet amendement nous offre plus de flexibilité pour acheter des dettes souveraines ou réaliser des investissements stratégiques par exemple dans des secteurs à forte croissances dans les pays émergents comme le secteur des télécommunications en Chine.
Mais vous n'utilisez pas cette manne financière pour développer les infrastructures du pays?
Si bien sûr. Avec les revenus du pétrole, nous allons également investir dans le pays. Nous allons créer un fonds d'infrastructures. Nous devons créer construire plus de 3000km de routes, construire des ports, des aéroports et cela nécessite des investissements massifs dans les 10 à 20 prochaines années. Notre priorité est également d'électrification du pays. D'ici la fin de l'année (2011), la moitié du pays aura accès à l'électricité 24h sur 24. Nous avons également mis en place un fonds de développement des ressources humaines doté de 30 millions de dollars. Un de nos objectifs est par exemple d'éradiquer l'illettrisme d'ici 2015.
Sur le plan politique, quel est le climat à l'approche des élections présidentielles de 2012?
Pour l'instant tout est très calme. Je dois être le seul président au monde à voyager à travers son pays dans une mini-moke complètement ouverte. Et pourtant je devrais être la dernière personne au monde à être détendu sur les questions de sécurité. Concernant les élections, tous les partis (22 partis politiques pour 1,1 millions d'habitants) se sont engagés à ne pas créer de tensions. Je crois que les élections vont se dérouler dans le calme. Quant à ma candidature, je l'annoncerai début janvier.
Sur le plan international, 2012 sera t-elle l'année de l'adhésion à l'ASEAN?
Nous espérons adhérer l'année prochaine. Nous appartenons à cette région et ce serait naturel de rejoindre cette organisation. Certains pensent que nous ne somme pas prêts pour rejoindre l'ASEAN et pourtant si vous regardez les indicateurs et les derniers rapports de l'ONU, nous enregistrons de meilleurs performances que certains pays membres comme le Cambodge, le Laos et la Birmanie. Nous ne serons pas un fardeau pour l'ASEAN. Mais pour l'instant, le seul pays qui s'oppose à notre adhésion c'est Singapour et comme les décisions sont prises par consensus, si un seul pays est contre, le processus est bloqué. Mais nous demandons au gouvernement de Singapour qu'il définisse une feuille de route afin que nous puissions rejoindre l'ASEAN d'ici 2015.

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publié par Association France Timor Leste @ 00:24,

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