Crise politique au Timor-Oriental

Journal La Croix

Crise politique au Timor-Oriental

Dans l’embarras après le rejet du budget de l’État pour 2018 par l’opposition, majoritaire au Parlement, le président du Timor-Oriental, Francisco Guterres, a demandé la dissolution de ce dernier et appelle les citoyens à de nouvelles élections.

Le président du Timor oriental Francisco Guterres et son épouse votent lors des élections législatives du 22 juillet 2017.
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Le président du Timor oriental Francisco Guterres et son épouse votent lors des élections législatives du 22 juillet 2017. / Valentino Dariell de Sousa/AFP
Vendredi 26 janvier, le président timorais Francisco Guterres, face à l’impasse politique que rencontre son gouvernement, a annoncé la dissolution du Parlement. Le budget 2018 a été refusé par l’opposition majoritaire à la chambre. Les nouvelles élections législatives devraient avoir lieu dans les prochains mois.

Ancienne colonie portugaise

Le Timor-Oriental, ou Timor Est, peuplé de 1,23 million d’habitants, est le plus jeune pays d’Asie. Colonie portugaise du XVIe siècle à 1975, il est ensuite sous occupation indonésienne jusqu’en 1999 date à laquelle a lieu un référendum d’autodétermination. Le pays est ensuite géré par l’ONU jusqu’à la tenue des premières élections démocratiques en 2002, où il obtient son indépendance.
Le pays a connu quatre présidents et des législatives sans incidents. Mais après des violences en 2006 et une tentative d’assassinat sur le président Ramos-Horta en 2008, l’ONU est intervenue pour stabiliser le pays, entre 2006 et 2012. Après l’élection présidentielle et les législatives de 2017, l’organisation américaine Freedom House – qui établit chaque année un rapport sur la démocratie et les libertés dans le monde –, a intégré le Timor Oriental dans la catégorie des pays « libres » et démocratiques.
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Des dissonances politiques

Le Fretilin, parti du président Guterres élu en 2017, est arrivé très légèrement en tête aux élections législatives de juillet 2017, talonné par le Congrès National de Reconstruction Timoraise (CNRT) du premier président timorais, Xanana Gusmão.
Le Fretilin et le CNRT, qui formaient une coalition de facto depuis 2015, n’ont toutefois pas renouvelé leur alliance. En effet, comme l’explique Frédéric Durand, professeur de géographie à l’Université Toulouse II, chercheur au CNRS et spécialiste du Timor Oriental, « il y a des divergences qui remontent au début des années 2000 entre la ligne du Fretilin et celle défendue par le CNRT, souvent plus concrète et moins idéologique ».

L’impasse budgétaire

La coalition menée par le CNRT a rejeté à deux reprises le budget 2018 en fin d’année dernière car, selon elle, ce dernier ne « reflétait pas les priorités du peuple et de la nation ». Le point de discorde porte sur l’emploi des revenus tirés des ressources en hydrocarbures du pays, importantes mais pas infinies.
Devant cette impasse politique, le président timorais a donc décidé de dissoudre le Parlement et de réclamer de nouvelles élections qui ne devraient pas avoir lieu avant avril prochain.
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Le spectre des violences de 2006

La question se pose aussi d’une éventuelle destitution du président par le Parlement. « Un risque quasi nul, puisque la majorité des parlementaires souhaite un déblocage de la situation », explique encore Frédéric Durand.
Le souvenir des tensions politiques qui avaient conduit aux violences de 2006, et l’Église, importante dans ce pays où 95 % de la population est catholique, « jouent un rôle de garant de la stabilité du pays. Ainsi, trois évêques sont intervenus pour demander à tous les dirigeants de s’engager à éviter la violence », précise le chercheur du CNRS.
Victoria Tassel

publié par Association France Timor Leste @ 22:39,

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