Comment le Timor oriental est devenu un petit « miracle » démocratique

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LE MONDE

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Publié le 06 septembre 2019 à 12h19 - Mis à jour le 08 septembre 2019 à 17h19



Au loin sur la rade, dominant l’océan depuis un escarpement rocheux, la statue du Christ-Roi aux bras largement écartés semble toujours bénir Dili, la capitale du Timor oriental. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancienne colonie portugaise a eu amplement besoin, dans sa récente histoire, des attentions de ce Christo rei solitaire qui veille sur la baie de Dili…

Il y a vingt ans, rendus fous de colère par les résultats du référendum du 30 août 1999 qui approuvait, à plus de 78 %, l’indépendance du Timor oriental – signifiant ainsi le retrait de l’Indonésie, puissance occupante depuis un quart de siècle –, les soldats de Djakarta, leurs alliés des milices locales et autres « collabos » mirent le pays à sac. Environ 70 % des villes du Timor oriental furent alors rasées, incendiées, détruites. Les violences firent 1 400 morts et provoquèrent la fuite de plus de 200 000 personnes dans l’autre partie de l’île, le Timor occidental voisin, qui appartient à la République d’Indonésie depuis la proclamation d’indépendance de celle-ci, en 1945. Ceux qui étaient restés durent attendre plusieurs semaines – jusqu’au 20 septembre 1999 – pour être « libérés » par une force d’intervention militaire multinationale sous direction australienne. Cela après que l’Organisation des Nations unies (ONU) eut conseillé l’envoi au Timor oriental d’un contingent destiné à « rétablir la paix et la sécurité ».

Des jeunes Timorais au bord d’une piscine datant de la colonisation portugaise, à Baucau, dans le nord-est de l’île, en août 2019.
Des jeunes Timorais au bord d’une piscine datant de la colonisation portugaise, à Baucau, dans le nord-est de l’île, en août 2019. Dimas Ardian/Bloomberg via Getty Images

Toutes les apparences de la stabilité

Le gouvernement et les citoyens ont célébré, vendredi 30 août, le 20anniversaire de ce référendum aux conséquences ambiguës, qui déclencha des horreurs mais fut aussi le premier pas vers la liberté. En 2002, après trois ans d’administration intérimaire sous l’égide de l’ONU, le Timor oriental est devenu une nation indépendante. Et les citoyens de 2019 ont, en général, toutes les raisons de se féliciter de leur situation actuelle : le Timor-Leste, selon l’appellation officielle en portugais, et son million trois cent mille habitants est devenu l’une des démocraties les plus accomplies de l’Asie du Sud-Est, où ce genre de système est relativement rare.

Même si la violence politique et la désunion n’ont pas épargné le Timor oriental, qui reste l’une des plus jeunes nations de la planète, le pays est pacifié. Son niveau de liberté de la presse est remarquable. Après la crise de 2006, quand une grosse poignée de factieux de l’armée fomenta une insurrection et, deux ans plus tard, la tentative d’assassinat du président José Ramos-Horta (2007-2012), la République démocratique du Timor oriental donne désormais toutes les apparences de la stabilité. La tenue régulière de scrutins législatifs est la preuve de la possibilité d’une alternance démocratique renouvelée.

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publié par Association France Timor Leste @ 16:44,

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