Les derniers déplacés de la crise de 2006 retournent chez eux




De Matt CROOK – Il y a 1 jour

METINARO, Timor oriental (AFP) — Gonzalo Gusmao, sa femme et leur fille ont rassemblé leurs maigres biens avant de quitter le camp de déplacés où ils avaient trouvé refuge pour fuir les violences ayant conduit le Timor oriental au bord de la guerre civile en 2006.

Gusmao, 40 ans, et sa famille ne vont pas aller bien loin. Quelques kilomètres seulement séparent le camp de Metinaro de leur quartier de Becora, sur les hauteurs de la capitale Dili.

Au printemps 2006, ils avaient dû fuir précipitamment leur maison pour sauver leur peau. "Nous avons été les derniers à partir. Lorsque j'ai vu que des maisons étaient en feu dans le voisinage, j'ai dit à ma famille que nous n'avions pas le choix. Nous sommes venus ici directement", témoigne Gusmao.

Plus de 100.000 personnes ont ainsi été déplacées à cause de cette crise liée aux tensions entre les Loromunu (habitants de l'ouest du pays) et les Lorosae (originaires de l'est). Au moins 37 personnes avaient été tuées dans les combats mettant aux prises des policiers, des militaires, des groupes privés armés et des bandes de jeunes adeptes d'arts martiaux.

La sécurité, assurée notamment par des soldats et policiers étrangers, s'est depuis nettement améliorée. Et, ces derniers mois, les autorités ont fermé la soixantaine de camps ouverts à la hâte pour accueillir les déplacés.

Metinaro, où se sont serrés jusqu'à 9.000 personnes, est le dernier à être démoli.

Pour les dernières familles à le quitter, l'avenir est incertain. Un programme de réinsertion, géré avec l'aide d'organismes internationaux, a été mis en place, avec notamment une aide financière d'environ 4.500 dollars pour chacune.

Mais Gusmao craint le retour à Becora. "Je ne sais pas si nous allons être de nouveau acceptés par nos voisins et les personnes qui se sont installées dans le quartier", reconnaît-il.

Une autre déplacée, Bemvinda Freitas, une mère de famille de 40 ans entourée de jeunes enfants, se dit aussi "un peu nerveuse": "j'ai peur des marques de rejet mais je suis aussi excitée de revenir chez moi".

Pour préparer au mieux ces retours, les autorités timoraises, l'Organisation des Migrations internationales (OMI) et les Nations unies ont multiplié les réunions dans les villages et quartiers. "Nous établissons la médiation et le dialogue, en particulier dans les lieux où les tensions ont été les plus fortes" en 2006, explique Brad Mellicker, coordinateur du camp pour l'OMI.

"Jusqu'à présent, 150 familles sont parties (de Metinaro) et il n'y a pas eu de problèmes importants", ajoute-t-il.

Pour Gusmao, le retour à Becora ne sera qu'un premier pas pour retrouver une vie normale. Il lui faudra notamment reconstruire, "avec l'argent de l'aide financière", sa maison, "très endommagée durant la crise".

La fermeture des camps de déplacés marque une nouvelle étape dans la stabilisation du Timor oriental après les années tumultueuse ayant suivi l'indépendance de l'Indonésie en 2002. Mais, de l'avis de ses dirigeants, au premier rang desquels le président José Ramos-Horta, le plus jeune des Etats asiatiques n'est pas encore en mesure de se passer du contingent international qui y assure la sécurité, en partie sous mandat de l'ONU.

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.

Lire la dépêche sur le site AFP (avec illustrations)

publié par Association France Timor Leste @ 00:46,

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