Au Timor-Leste, un nouveau port ouvre la voie de l’expansion économique

Les investissements du secteur privé comblent le déficit d'infrastructures du pays et soutiennent une croissance durable.

Il y a moins d'un an, l'avenir d'Arnaldo Walter était plus qu'incertain. Le Timor-Leste se relevait du pire cyclone qu'il ait connu en 50 ans et était en proie à la pandémie de COVID-19.

Grâce à l'investissement le plus massif hors secteur pétrolier et gazier, Arnaldo a un nouvel emploi et reprend espoir.

Un peu plus de vingt ans après le rétablissement de l'indépendance, les signes de progrès au Timor-Leste se multiplient. Si la route est encore longue — le pays reste le plus pauvre d'Asie du Sud-Est avec près de la moitié de ses 1,3 million d'habitants vivant dans la pauvreté —, le Timor-Leste commence à enregistrer des progrès significatifs en matière de développement, et le programme de diversification économique du gouvernement le place sur le chemin qui mène de la fragilité à la stabilité.

naldo Walter, lamaneur au port de Tibar Bay, est optimiste quant à l'avenir du pays. Photo : Karlis Salna/IFC.

Aujourd'hui, une infrastructure ultramoderne vient conforter cette trajectoire positive. Le port de Tibar Bay, situé à la périphérie de la capitale, Dili, a été construit dans le cadre du premier partenariat public-privé (PPP) du pays. Il offre au Timor-Leste une nouvelle porte d'entrée sur le monde, l'accès à des voies maritimes lucratives et la perspective d’accroître les échanges, les investissements et les emplois. Fruit de l'un des plus gros investissements jamais réalisés dans le pays, le port a créé plus de 500 emplois pendant sa phase de construction et devrait en générer autant à l'avenir.

Arnaldo fait partie des centaines de personnes qui y sont employées. Pour lui, dont l'histoire est représentative de celle de nombreux autres Timorais et du passé récent du pays, le port est le fondement de la sécurité économique et d'une prospérité croissante. « Avec ce salaire, je peux subvenir aux besoins de ma famille », explique Walter qui est chargé des opérations d’amarrage et de largage des navires. « J'essaie de faire mon travail le mieux possible », ajoute-t-il en se disant fier et optimiste quant à l'avenir.

Ce projet de 280 millions de dollars pourrait faire franchir un cap décisif au Timor-Leste.

Lorsque le pays a retrouvé son indépendance en mai 2002, des décennies de conflit avaient affaibli ou détruit une grande partie des infrastructures de la petite nation insulaire. L'ancien port, qui a cessé de fonctionner l'année dernière, était en proie à de multiples problèmes et souvent embouteillé. C'était devenu un foyer de frustrations et d'engorgements plutôt qu'un pôle propice au commerce et à l'investissement.

« Le déchargement et le dédouanement des conteneurs pouvaient prendre des semaines et il arrivait que des navires refusent de venir parce que le port était trop encombré. Cela rajoutait de l'incertitude, renchérissait le coût de l'activité et décourageait les investisseurs », explique Rui Augusto Gomes, ministre des Finances du Timor-Leste.

L'économie du Timor-Leste se remet lentement de l'effondrement causé par la COVID-19 et devrait croître de 3 % en 2023, selon le dernier bulletin d'information économique de la Banque mondiale. Cependant, M. Gomes estime que la situation économique actuelle souligne la nécessité d'augmenter les sources de revenus.

C'est en 2013 qu'IFC a entamé un travail de longue haleine avec le gouvernement du Timor-Leste pour l'aider à concrétiser le projet d'un nouveau port. Le soutien d'IFC a permis de structurer la transaction, de définir une législation encadrant les PPP, de renforcer les capacités pour gérer les contrats nécessaires et de faciliter le processus d'appel d'offres pour attirer les investisseurs, tout en aidant le gouvernement à mener ce projet selon les normes environnementales et sociales internationales.

Parallèlement, le gouvernement a travaillé avec la Banque mondiale et d'autres partenaires au renforcement de ses capacités institutionnelles en matière de PPP et d'investissement, ouvrant ainsi la voie à des options de structuration financière pour le partenariat portuaire conformes aux bonnes pratiques internationales.  

Le port a été construit par le groupe français de transport Bolloré, qui a obtenu en 2016 une concession de 30 ans pour la construction et l'exploitation de l'infrastructure. Il est le reflet de la stratégie de diversification économique du gouvernement et de sa volonté de créer des emplois indispensables pour la population. Bolloré a investi 150 millions de dollars dans la première phase de construction, le gouvernement apportant 130 millions de dollars pour assurer la viabilité financière du projet.   

L'ensemble de l'article, avec plusieurs photos : https://www.ifc.org/fr/stories/2023/timor-leste-new-port-fr