La Croix : la visite du Pape Francisco au Timor

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Voyage du pape : au Timor oriental, François rappelle aux prêtres de « ne jamais profiter de leur rôle »

Reportage

François achève, mercredi 11 septembre, la troisième étape de sa tournée de douze jours en Asie du Sud-Est et en Océanie. À Dili, il a rappelé que « le prêtre ne doit jamais profiter de son rôle ».

  • Mikael Corre, à Dili (Timor oriental),

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Voyage du pape : au Timor oriental, François rappelle aux prêtres de « ne jamais profiter de leur rôle »

C’est le geste dont le pape a parlé à Dili (Timor oriental), ce mardi dans la matinée. Une demi-heure avant son entrée dans la cathédrale, une femme d’une quarantaine d’années, vêtue d’un tee-shirt à manches longues, se saisit de la main d’un prêtre de passage.

« Le geste que les fidèles font ici lorsqu’ils vous rencontrent, vous les prêtres, est éloquent : ils prennent votre main consacrée et l’approchent de leur front en signe de bénédiction, a dit François, bien renseigné. Il est beau de voir dans ce signe l’affection du peuple saint de Dieu, car le prêtre est un instrument de bénédiction, (mais) il ne doit jamais profiter de son rôle. » Ce mardi, le pape avait un message à faire passer au clergé : ne profitez jamais du charisme généré par votre fonction.

Situé à l’extrême est de l’archipel indonésien, le Timor oriental est le pays le plus catholique au monde (à 97 %), après le Vatican. C’est aussi le plus pauvre d’Asie, et cette ancienne colonie portugaise, où le pape effectue la troisième étape de son voyage en Asie et en Océanie, est le lieu d’une impressionnante religiosité. Depuis son arrivée le 9 septembre à Dili, il est en effet accueilli par des dizaines de milliers de personnes difficilement contenues au bord des routes, où la sécurité est parfois assurée par des scouts. Son visage s’affiche partout sur les panneaux, les casquettes, les tee-shirts… Certains brandissent des pancartes : « Pape François, donne-moi un chapelet », « Pape François, bénis-moi »

« Chefs tribaux »

Cette dévotion engage, a dit en substance le pape dans la cathédrale de Dili. « J’ai appris que les personnes s’adressent à vous (les prêtres) avec beaucoup d’affection en vous appelant “Amu”, qui est ici le titre le plus important, et signifie “monsieur”, a-t-il encore relevé. Mais vous n’êtes pas supérieurs aux gens (…). Vous ne devez pas voir votre ministère comme un prestige mais comme un service. Si vous ne vous sentez pas au service, allez voir un prêtre pour trouver un autre chemin. »

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Qu’est-ce qui a valu au clergé timorais cette mise au point ? Lors d’une rencontre discrète à l’hôtel Timor de Dili, le 9 septembre, le cardinal Luis Antonio Tagle, pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation et membre de la délégation papale, aurait comparé, devant des religieux philippins, le comportement de certains prêtres locaux à celui de « chefs tribaux ou de leaders culturels », selon deux sources présentes. « Ici on est un peu conservateurs, décrit un prêtre timorais de 32 ans, qui a demandé à rester anonyme. Parfois les gens attendent tellement de vous que ces attentes finissent par vous définir, ça peut créer des dérives… »

Un pays jeune

« Vous savez comment commence la tentation du pouvoir ?, a encore demandé le pape dans la cathédrale de Dili. Comme le disait ma grand-mère, le diable entre toujours par les poches. » Au Timor oriental, un tiers de la population vit avec moins de 2 dollars américains par jour. « Je ne crois cependant pas qu’il y ait une corruption spécifique au clergé », estime une source judiciaire, à Dili, qui décrit la corruption de l’État comme « généralisée à haut niveau » et la qualifie de « cleptocratie ». Malgré la rente pétrolière depuis l’indépendance en 2002, le Timor oriental reste un pays sous-développé. Certaines diplomaties de la région ont d’ailleurs critiqué les plus de 12 millions de dollars dépensés en préparation de la venue du pape.

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« Il y a beaucoup de richesses, mais le bien-être aveugle les puissants, leur faisant croire qu’ils se suffisent à eux-mêmes, qu’ils n’ont pas besoin du Seigneur (…). Même s’il y a énormément de biens, les pauvres sont abandonnés et souffrent de la faim », a poursuivi François lors de son homélie. En aube blanche sous une étouffante chaleur humide, il a présidé la messe conclusive de son étape timoraise au bord de la mer de Savu. Devant plus de 200 000 personnes réunies sous des parapluies aux couleurs du Vatican, il a poursuivi, en se tournant vers la jeunesse, décrite comme la lumière qui fait renaître l’espérance : « Vous êtes un pays jeune où l’on sent partout la vie palpiter, a-t-il lancé. C’est un grand cadeau. »

publié par Association France Timor Leste @ 03:30,

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