Le Front révolutionnaire du Timor oriental indépendant (Fretilin), qui a incarné la lutte contre l'occupation indonésienne (1975-1999), a immédiatement répondu qu'il n'accepterait pas d'être tenu à l'écart d'un gouvernement de coalition. Il a obtenu 29% des suffrages au scrutin du 30 juin.
Arrivé deuxième avec 24,% des voix, son grand rival le Congrès national pour la reconstruction du Timor (CNRT), formation récemment créée par l'ex-président (2002-2006) Gusmao, a pris une option nette vers le pouvoir en parvenant à former une alliance majoritaire dans la future chambre.
Le CNRT, l'Association sociale démocrate timoraise (ASDT), le Parti social démocrate (PSD) et le Parti démocrate (PD) ont officialisé vendredi leur union lors d'une conférence de presse à Dili.
Ils ont dit espérer que leur futur gouvernement, qui reste à nommer, sera suffisamment stable pour durer cinq ans.
Xanana Gusmao, ex-guérillero charismatique, est désormais un candidat possible pour le poste de chef de l'exécutif. Ironie des turbulences politiques du Timor oriental, il pourrait passer du poste de président à celui de Premier ministre, l'ex-premier ministre José Ramos-Horta ayant été élu en mai président.
Les quatre partis alliés ont espéré que le Fretilin acceptera son retrait du gouvernement, qu'il domine actuellement tout comme le parlement.
"Nous souhaitons que les leaders (du Fretilin) fassent preuve de bonne volonté et montrent leur respect pour la démocratie", a déclaré M. Gusmao.
Mais le Fretilin, isolé, a refusé de s'inscrire dans l'opposition. Ce parti s'est usé à l'exercice du pouvoir depuis 2001 et ses dirigeants, à l'image de l'ex-Premier ministre Mari Alkatiri, n'ont pu éviter les violences dans lesquelles a plongé le pays en avril-mai 2006.
"Nous n'écartons pas l'hypothèse de former notre propre gouvernement ou de former un gouvernement avec d'autres partis", a déclaré à l'AFP Harold Moucho, conseiller politique du Fretilin.
"Il reste encore du temps pour des négociations. On ne peut écarter le parti qui a récolté le plus de votes", a-t-il ajouté.
M. Moucho a assuré que la constitution du Timor oriental, inspirée de celle du Portugal, l'ancienne puissance coloniale, permettait au premier parti détenant la majorité relative de former un gouvernement.
Plusieurs experts interrogés par l'AFP ont admis que la jeune constitution est-timoraise (le pays est indépendant depuis 2002) était équivoque.
Le président Ramos-Horta s'est gardé de trancher la question, en précisant qu'il était dans une phase de "consultation" du clergé catholique ainsi que de tous les partis.
"Je prendrai la décision en me basant sur l'esprit et la lettre de la constitution, (en considérant) quels partis peuvent me convaincre qu'ils sont en position légitime de former un gouvernement stable et durable", a-t-il déclaré.
Selon Sophia Cason, analyste de l'International crisis group (ICG), M. Ramos-Horta pourrait demander d'abord au Fretilin de former un gouvernement, qui serait intenable car minoritaire, avant de se tourner vers l'alliance menée par le CNRT.
Le Timor oriental est le pays le moins développé d'Asie. Il est fragilisé par le chômage et des violences qui ont imposé l'intervention de policiers et de militaires étrangers en partie sous mandat de l'ONU.
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