Bibi bulak
Publié le 2009/08/28
(Le Timor Leste, dix ans apres le referendum - troisieme article)
En 2000, quelques acteurs américains, parmi lesquels Jonathan York, sont venus au Timor, en tant que volontaires, faire des représentations théâtrales. Jonathan York décide de rester, de chercher des gens et de créer une troupe. Celle-ci va s’appeler Bibi bulak , ce qui veut dire « Chèvre folle », titre suggéré par une histoire vraie, celle d’une chèvre de l’île d’Atauro qui s’était donnée à cœur joie sur les décors de l’un de leurs spectacles et avait littéralement tout détruit.
En novembre 2000 la troupe se constitue en organisation non gouvernementale à but non lucratif.
Bibi bulak va devenir très connue grâce à une émission de télé diffusée à partir de mars 2001 : Programa bibi bulak. Reparti pendant un an, Jonathan York revient au Timor en 2002 et redémarre la compagnie.
La rareté fait aussi la célébrité : étant quasiment le seul projet théâtral permanent, Bibi bulak devient « la » troupe incontournable.
Dans un pays où la télévision ne va pas bien au-delà de la capitale, où les journaux ne circulent pas et où l’illettrisme est courant, l’efficacité du théâtre en tant que vecteur d’idées et d’informations n’a pas échappé aux différents opérateurs institutionnels.
Bibi bulak est sollicitée par les agences de l’ONU, par les grandes ONGs ou par des Ministères, pour mettre en scène des problématiques sociales, culturelles et politiques d’actualité : la violence des jeunes, les violences faites aux femmes et aux enfants, l’égalité femme / homme, l’éducation à la santé, la protection de l’environnement, la participation aux actes électoraux.
Ils produisent des feuilletons radio et des séries télé, ils se déplacent dans les districts, jouant dans les petits villages où « rien ne se passe », s’adressent aux enfants, aux illettrés.
Ils s’installent dans les locaux de ce qui fut l’ancien Musée de Dili durant l’occupation indonésienne, vidé et abandonné depuis 1999, rejoints ensuite par Arte Moris (une école d’arts bien connue à Dili), et d’autres initiatives artistiques et éducatives.
2006 a été une année difficile pour les Timorais, des centaines de déplacés sont venus vivre sur l’espace occupé par les activités artistiques. Bibi bulak a alors travaillé dans, et avec, les camps de déplacés sur la résolution des conflits et la reconstruction de la confiance. En 2007, leurs actions ont été axées sur l’éducation civique et la promotion des élections.
En 2009, ils n’ont pas manqué pas de projets : la compagnie a organisé des workshops dans différents quartiers de Dili (écriture, jeu de scène, construction de décors, son), formé des groupes de théâtre locaux, pour jouer dans les districts, réalisé des programmes radio sur des questions de santé, etc.
Entre-temps de petites troupes de théâtre se sont constituées à travers le pays, il y en aurait une bonne dizaine, à l’initiative d’enseignants, d’ONG locales, d’animateurs religieux ou de simples passionnés, comme cette femme de Ainaro, sans enfants, qui accueille chez elle les jeunes de son quartier et organise des activités éducatives.
L’administratrice de la compagnie est depuis quelques mois une française, Johanne Boch, formée à Lyon (EICD3A), qui a déjà travaillé en Inde avant d’arriver au Timor.
En parallèle avec le fonctionnement normal de la compagnie, elle travaille actuellement sur un projet d’école de théâtre, qui pourrait voir le jour l’année prochaine. Le projet n’est pas bouclé, elle cherche des partenaires…
publié par Association France Timor Leste @ 13:52,
1 Comments:
- At 28/8/09 23:23, Margarida Azevedo said...
-
Merci! Excellent!