Un rapport sur les crimes de 1999 au Timor retardé, l'Indonésie critiquée

Un rapport sur les crimes de 1999 au Timor retardé, l'Indonésie critiquée
17.06.08 | 15h46

Le Monde.fr

Le gouvernement indonésien a refusé mardi d'indiquer quand serait rendu public un rapport sur les exactions commises en 1999 au Timor oriental, tandis que les ONG dénoncent le retard pris et s'alarment de possibles manipulations.

"Aucune date n'a été fixée. Nous sommes encore en train d'attendre un moment qui convienne aux deux présidents", a déclaré le porte-parole de la diplomatie indonésienne Teuku Faizasyah.

Ce rapport, dont la remise était initialement prévue pour août 2006 et a ensuite été plusieurs fois reportée, est la conclusion du travail d'une commission de réconciliation créée conjointement par les gouvernements indonésien et est-timorais.

Le vice-président indonésien de la commission, Benyamin Mangkudilaga, a confirmé que l'institution "attendait encore" le feu vert des deux gouvernements.

Des militants des droits de l'Homme s'inquiètent du retard accumulé, affirmant que celui-ci est peut-être mis à profit pour édulcorer les conclusions de la commission ou pour effacer les noms d'officiers indonésiens coupables de violences.

"Cela consiste à différer la justice, il (le rapport) aurait déjà dû être rendu public", a estimé Rafendi Djamin, du Groupe de travail sur les droits de l'Homme.

"Nous craignons que le délai permette aux responsables au sein de l'état-major militaire de manipuler le rapport", a-t-il ajouté.

La "Commission de vérité et d'amitié" fondée en 2005 est déjà controversée car elle ne pourra assigner devant un tribunal les criminels de guerre toujours impunis. Des représentants des victimes ou le clergé catholique timorais souhaitaient une cour de justice internationale.

Cette polémique s'ajoute à une autre: la semaine dernière Pramono Edhie Wibowo, beau-frère du président indonésien, a été nommé chef des forces spéciales indonésiennes (Kopassus), des unités accusées d'atrocités. M. Wibowo était l'un des commandants des Kopassus en 1999 au Timor oriental.

"Plutôt que d'offrir des promotions à des auteurs présumés de violations des droits de l'Homme, l'Indonésie devrait s'assurer que ses hauts responsables militaires auteurs de crimes soient traduits en justice", a estimé John Miller, coordinateur du Réseau d'action pour le Timor Est (ETAN).

En 1999, le Timor oriental avait massivement voté pour l'indépendance. Les milices pro-indonésiennes appuyées par l'armée de Jakarta avaient alors tué quelque 1.400 personnes et rasé 80% des infrastructures de l'ex-colonie portugaise.

publié par Association France Timor Leste @ 01:08,

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